Une exploration dans les forêts mystiques de La Gomera

Une fois à Las Creces, suivez le chemin bien indiqué qui s’enfonce dans la forêt vers l’aire de pique-nique. Le sentier, long de 0,7 km, serpente à travers une végétation dense et verdoyante. Les arbres imposants créent une atmosphère sereine, propice à la marche et à la contemplation.

Au bout du chemin, une petite clairière aménagée pour les randonneurs vous attend, avec des tables de pique-nique en bois entourées par la nature. C’est un endroit parfait pour faire une pause et respirer l’air pur avant de continuer l’exploration. Plutôt que de revenir sur vos pas, suivez le sentier qui fait une boucle à travers la forêt, offrant une vue d’ensemble de la diversité écologique du parc.

À mi-parcours de la boucle, un chemin bien indiqué mène à Las Hayas. La marche, bien que légèrement plus longue, promet une nouvelle aventure. En arrivant à Las Hayas, un petit village niché au cœur de la forêt, un bon café vous attend pour vous revigorer après la randonnée. Le bistrot local, « Amparo », propose entre autre une « Tortilla francesa », une omelette moelleuse dans une baguette croustillante, garnie de tranches de tomate ou de mayonnaise. Accompagnée d’une salade fraîche, d’un jus d’orange pressé et d’un cappuccino crémeux, ce repas simple mais savoureux est une agréable surprise après une matinée d’exploration.

Repus et reposés, reprenez le chemin en retracant vos pas sur les 700 mètres jusqu’à la bifurcation, puis entamez l’autre côté de la boucle, suivant le chemin « In the Old Tree Heath and Way Myrtle ». Cette partie du parc, bien que toujours sèche, dégage une atmosphère particulière avec une forêt ancienne qui semble avoir traversé les âges. Les arbres, à l’écorce rugueuse et la taille imposante, racontent une histoire silencieuse à chaque pas.

En traversant cette forêt, un vieux canal en pierre attire l’attention, vestige d’un temps où l’eau de la source était acheminée pour irriguer les cultures environnantes. Ce canal, malgré son apparence simple, témoigne de l’ingéniosité des habitants qui ont su s’adapter à leur environnement.

Le Myrica faya : Un trésor méconnu

L’un des arbres les plus caractéristiques de cette forêt est le Myrica faya, également connu sous le nom de « faya ». Cet arbre, endémique des îles Canaries, joue un rôle crucial dans l’écosystème local. Ses feuilles persistantes, d’un vert profond, contrastent avec le sol rocailleux et sec. À certaines périodes de l’année, les Myrica faya produisent de petites baies noires qui, bien que modestes, sont riches en histoire.

Autrefois, ces baies étaient consommées par les populations locales, notamment en période de disette. Elles constituaient une source précieuse de nourriture pour les habitants les plus pauvres, qui savaient tirer profit des ressources que leur offrait la nature. Aujourd’hui, ces baies sont plutôt considérées comme un témoignage du passé, bien que leur utilisation soit moins courante.

Au printemps, fin avril début mai, la forêt se pare de couleurs grâce à la floraison des géraniums sauvages. Ces fleurs, aux teintes variées, ajoutent une touche de beauté et de vie à un paysage déjà riche en diversité.

Le parc national de Garajonay, situé sur l’île de La Gomera, est un trésor naturel remarquable, abritant l’une des meilleures représentations de la laurisylve, une forêt subtropicale humide. Cette forêt ancienne, qui couvrait autrefois une grande partie de l’Europe au cours du Tertiaire, est aujourd’hui un vestige précieux de ce passé lointain. La forêt de laurisylve, avec ses arbres à feuilles persistantes pouvant atteindre jusqu’à 40 mètres de hauteur, est caractérisée par une biodiversité exceptionnelle, comprenant de nombreuses espèces endémiques des îles Canaries, ainsi qu’une riche faune d’invertébrés, d’oiseaux et de chauves-souris.

L’âge de la forêt de laurisylve, qui remonte au Tertiaire, signifie qu’elle a évolué il y a des dizaines de millions d’années, témoignant ainsi de son incroyable résilience et de son adaptation aux changements climatiques au fil du temps. Environ 85 % du parc est couvert par cette forêt unique, bien que des incendies, comme celui de 2012, aient endommagé certaines zones, démontrant la fragilité de cet écosystème face aux catastrophes naturelles.

Le parc tire son nom de la légende de Gara et Jonay, une histoire d’amour tragique entre une princesse de La Gomera et un prince de Tenerife, qui se sont suicidés ensemble pour échapper à l’opposition de leurs familles. Leur amour a donné son nom à la montagne Garajonay, le point culminant du parc, à 1 484 mètres d’altitude, d’où l’on peut observer l’ensemble de l’île et, par temps clair, les îles voisines des Canaries.

Garajonay est non seulement un site d’une beauté naturelle exceptionnelle, mais aussi un lieu chargé de mythes et d’histoire, où la nature et la culture se rejoignent pour offrir une expérience unique aux visiteurs.

N’oubliez pas de vous arrêter au Mirador de Alojera. Il suffit de garer votre véhicule au parking, puis de marcher seulement cinq minutes pour atteindre une plateforme d’observation offrant un panorama époustouflant sur les paysages environnants.